Classiquement, les dysfonctionnements cognitifs sont présentés en « parallèle », c’est-à-dire les uns à côté des autres. Le gros inconvénient de ce système est qu’il est effectivement parallèle. C’est comme si les dysfonctionnements existaient en soi, les uns à côté des autres. Dans le schéma plus bas, on voit cependant apparaître des systèmes interconnectés (entre dyslexie et dysorthographie, par exemple) ; on commence également à percevoir les sous-systèmes concernés (types de dysphasie, par exemple).
Les chiffres varient normalement selon les études, selon les pays et selon les époques. Selon la nature des troubles que l’on inclut dans l’étude, selon le degré de sévérité pris en compte, les chiffres varient de 1 à 10 %. On peut dire que 4 à 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3 % dyspraxiques, et 2 % dysphasiques. Finalement, cela représenterait 10 à 15 % des enfants scolarisés.
La dysfonction cognitive se définit par la destruction partielle ou totale d’une ou de plusieurs fonctions cognitives, qui nous permettent de nous organiser, de raisonner et de contrôler nos actes volontaires. Elles incluent le savoir-faire, le langage, la reconnaissance visuelle, les fonctions exécutives, la régulation motrice, etc.
On classe habituellement ces troubles cognitifs de plusieurs manières. Une consiste à les appréhender selon leurs effets sur une des grande caractéristique humaine : parler, écrire, calculer, utiliser des outils. On oublie parfois ainsi, que le système cognitif et donc les troubles cognitifs sont bien plus vastes.
En voici quelques exemples.
DYSPHASIE | Trouble de l’acquisition et de l’automatisation du langage oral |
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DYSLEXIE | Trouble de l’acquisition et de l’automatisation de la lecture |
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DYSORTHOGRAPHIE | Trouble de l’acquisition et de l’automatisation de l’orthographe | Associée à la dyslexie |
DYSGRAPHIE | Trouble de l’acquisition et de l’automatisation du geste graphique | Aspects formels de l’écriture |
DYSPRAXIE | Trouble de la conception, de la programmation et de la réalisation de gestes |
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DYSCALCULIE | Troubles de l’acquisition des compétences numériques et des habiletés mathématiques |
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Certains auteurs ont tenté d’établir un modèle cognitif intégré, c’est-à-dire qui exprime les relations réciproques entre chacun des modules. On ne trouve jamais un dyslexique simple, ou un dysphasique pur, etc. Pendant des décennies, les définitions des dysfonctions cognitives s’exprimaient par exclusion : il ne fallait pas avoir une déficience intellectuelle, ni un trouble affectif, ni des dyspraxies, etc. Il s’est vite avéré que ce style de définition était impossible, non seulement à l’intérieur d’une entité, mais entre les entités mêmes. On ne peut être dyslexique sans aucun autre trouble cognitif.
Est alors apparue une représentation sous la forme de cercles enchevêtrés.
*1 HABIB X. (2014) La constellation des dys. Bruxelles : Deboeck.
L’avantage ici est de donner une vision interconnectée de tous ces dysfonctionnements. On n’en est probablement qu’au début, car ces connexions sont très probablement bien plus complexes encore, les interférences agissant sur le système global. L’intérêt de ce schéma est d’intégrer les notions de rythmes et de temporalité, ainsi que celles de précocité intellectuelle ou de psychopathie *2. Dans près de 40 % des cas, un enfant concerné par les troubles DYS présente plusieurs types de troubles des apprentissages. Par exemple, la dyslexie ou la dyscalculie sont fréquemment associées à des troubles de la coordination. Ce modèle cherche à intégrer une source commune aux dysfonctionnements, en liaison avec les structures cérébrales et le développement général. On peut donc intégrer les notions de temps, de comportement social et d’humeur.
*2 Le terme psychopathie est ici pris dans un sens assez général puisqu’il s’agit d’enfants : trouble de l’adaptation d’origine psychologique.
Ce modèle adapté met en relief les liens développementaux entre les DYS. Les troubles émotionnels se traduisent par des conduites inadaptées. Les troubles attentionnels ont des répercussions dans de nombreux domaines, mais en particulier sur les dyspraxies et les dysmnésies. La dyscalculie a un lien avec les troubles de l’organisation et la structuration temporelle. Enfin, les troubles du langage oral ont des liens avec la mémoire et les gestes, tandis que les troubles du langage écrit ont des liens privilégiés avec les dyspraxies.
Après avoir reçu une demande, l’équipe de professionnels s’attarde d’abord sur les premiers éléments en sachant qu’aucun syndrome n’est pur et que chaque enfant est différent. Les troubles « dys » ont presque toujours des répercussions sur les apprentissages scolaires. Les enfants concernés ont le plus souvent besoin d’aménagements individualisés de leur scolarité et de leur vie sociale. Bien qu’ils poursuivent dans leur grande majorité toute leur scolarité en milieu ordinaire, ces enfants sont contraints d’adopter une façon particulière d’apprendre et doivent trouver des stratégies pour contourner leurs difficultés. En raison de leur trouble cognitif, ils ont à faire plus d’efforts que les autres pour apprendre et progresser. Les parents, aux côtés des rééducateurs, ont un rôle important à jouer pour soutenir l’enfant dans ses efforts, notamment quand ses difficultés à l’école persistent alors qu’il travaille pourtant beaucoup. Cette situation peut être pour lui source de découragement, de frustration, ou même de souffrance psychologique et de conflit avec son entourage. Une orientation vers des soins et des rééducations de la part d’enseignants n’est donc jamais anodine. Elles font émerger très rapidement la souffrance des parents, leur incompréhension, leurs inquiétudes. D’emblée, il s’agit d’établir une zone de confiance entre parents et rééducateurs, sous peine de voir s’enliser les actions d’aide dans des considérations parasites. C’est regrettable, d’autant plus que l’intérêt des parents, des enseignants et des rééducateurs est commun : l’enfant.
Troubles « dys » de l’enfant