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Dysfonctionnements cognitifs

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dysgnosie

( la reconnaissance )


dysgnosie

( la reconnaissance )

Notre cerveau est une formidable machine à traiter les informations. Il a évidemment besoin d’être alimenté avec diverses substances chimiques dont le glucose pour disposer d’une énergie suffisante. Il a aussi besoin d’être alimenté en informations en provenance de l’environnement. Tout le corps constitue une interface avec lui, mais certaines parties sont spécialisées pour différentes sortes de stimulations (électriques, chimiques, de pression, etc.).

Aristote : « Rien n’est dans l’esprit qui ne soit rentré par les sens »

Afférences sensorielles : nos sens ont la capacité de discriminer les éléments physiques (vibrations de l’air, rayonnements lumineux, pression, douleur,) et chimiques (saveurs, odeurs) du monde externe et interne. Cela donne des sensations qui sont limitées aux capacités sensorielles : nous ne voyons pas tout, nous n’entendons pas tout.
Perceptions : elles dépendent du stimulus, de l’apprentissage et de facteurs divers qui changent notre interprétation en fonction des situations (âge, expériences, degré, affectivité, etc.).
Gnosies : c’est la capacité d’identifier la forme des objets, des visages, des sons, des sensations internes… de se les représenter et d’en saisir la signification. Cela nous aide à ajuster notre comportement.

Nos réactions dépendent parfois de ce que nous percevons, mais nécessairement de ce que nous identifions. Ainsi, nous pouvons réagir très fort si on nous touche par surprise sans que la source soit connue et ne pas réagir si quelqu’un de connu nous touche de face.

D’une façon générale, ces reconnaissances sont nécessaires avant toute action.

reconnaissances

Par exemple,

reconnaissances

Toutes les modalités sensorielles sont concernées : classiquement, la vue et l’audition, le goût et l’odorat, le tact, mais aussi, la thermoception, la nociception, la proprioception et l’équilibrioception. A noter que la perception kinesthésique (mouvement) intègre la proprioception et l’équilibrioception. On peut y ajouter la conscience d’être malade (nosognosie) et celle des organes internes, etc. Chez l’être humain, la vue et l’audition représentent les sens

N’oublions pas également tout un courant de pensée qui privilégie l’intégration sensorielle (*1). La reconnaissance par une modalité sensorielle aide à celle par une autre : vue/nom, visage/nom, objet/usage, etc.

Il y a trois composantes reprises dans le schéma suivant.

L’étape perceptive traite progressivement les perceptions et sensations, d’abord à un niveau élémentaire, puis par comparaison à des éléments connus et récupérés en mémoire, et enfin on fait entrer l’information dans une catégorie.

L’étape de reconnaissance commence à créer une représentation de l’information. Sa fonction est identifiée.

L’étape d’identification associe les perceptions, les représentations à un code : nom, catégorie sémantique, degré de douleur sur une échelle, etc.

intégration sensorielle


Prenons un exemple au niveau auditif

Identification du cri de la vache


On voit bien que le son « meuh » suit un trajet cognitif relativement complexe.

Modèle de traitement de l’information visuelle

Modèle de Marr *2 Modèle de Humphreys et Riddock *3
Objet Objet
Traitement sensoriel périphérique lié à l’organe sensoriel Traitement sensoriel périphérique lié à l’organe sensoriel
Esquisse primaire : luminosité - 1 Analyse des détails et de la forme globale
Esquisse en 2D1/2 : orientation dans l’espace et profondeur de champ (volume) - 2 Représentation égocentrée (mentale selon les expériences de vie)
Représentation 3D (orientation, volume, perspective, forme avec possibilité d’une rotation mentale) - 3 Représentation centrée sur l’objet
Représentation structurale stockée en mémoire (reconnaissance et appariement)
Représentation sémantique (attributs de propriétés et de fonctions)

La voie neurologique ventrale permet d’identifier les objets et la voie dorsale sa localisation. Il s’agit donc d’abord de s’assurer d’un échec de dénomination, en prenant garde au contexte sémantique (absence du mot ou méconnaissance culturelle).


Dysgnosies

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Nous n’aborderons pas ici les altérations de perception liées à des déficits des organes des sens (perte ou réduction de la vue, de l’ouïe, brûlure de la peau, etc.). Nous ne nous attarderons que sur les dysfonctions cognitives en relation avec l’état cérébral, c’est-à-dire les dysgnosies. On évoque donc les dysgnosies quand il y a mauvaise installation de ces gnosies dans le développement de l’enfant et non quand elles sont perdues (trauma crânien, tumeurs).

Prenons l’exemple le plus fréquent des DYSGNOSIES VISUELLES

Voici un modèle de comportement pathologique prenant en compte quelques symptômes et la nécessité d’une investigation médicale.

dygnosies visuelles

Evaluation

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Il est évidemment impossible d’évaluer les gnosies si on n’a pas une idée de l’état général des organes des sens. Certains traumatismes crâniens frontaux réduisent ou suppriment le goût et l’odorat. Le strabisme empêche la profondeur de champ et un seul œil peut être fonctionnel à la fois. Les otites à répétition et allergies peuvent réduire l’audition, etc. L’avis d’un médecin peut s’avérer ici indispensable.

Gnosies générales

Fonctions sensorielles générales

Fonctions proprioceptives

Gnosies visuelles

Regard
Champ visuel Test des nounours
Convergence Loucher (symétrie des yeux)
Fixation Centrale et périphérique
Poursuite lente Suivi objet/doigt
Poursuite rapide Pendule de Mazeau
Saccades visuo-guidées
Exploration visuelle Voiture 4/9 ans
Perception visuelle spatiale
Topologie simple Lacert 4/7 ans
Perception directionnelle Lacert 7/12 ans
Flèches et orientation NEPSY II
Discrimination de contours BALE
Perception visuelle spatiale Test de Hendricks
Positions topologiques Frostig subtest 4
Relations spatiales
Développement de la perception visuelle Frostig subtest 5
Perception visuelle BEERY perceptif 2/12 ans
Perception visuelle objet
Distinction figure-fond Frostig subtest 2
Constance de forme Frostig subtest 3
Traitement visuel cognitif
Identification de situations simples BORB 13/14 ans
Identification dans des images naturelles BORB 4/8 ans

Gnosies visuelles

Les fonctions visuo-spatiales permettent de s’orienter dans l’espace, de percevoir les objets de notre environnement et de les organiser en une scène visuelle cohérente. L’imagerie mentale permet également d’imaginer mentalement un objet physiquement absent, de participer à la résolution de problèmes, d’anticipation des évènements (comme dans le jeu d’échecs), de mémoriser (des itinéraires par exemple), de comprendre une description verbale d’un objet ou d’une situation, le raisonnement, la reconnaissance d’objets présentés dans des orientations inhabituelles, etc.

Cet ensemble a des répercussions fortes sur l’orientation dans l’espace, l’organisation et la structuration de cet espace, sa gestion, sur l’organisation motrice qui va agir sur l’espace, etc. Bref, cela concerne beaucoup de tâches à caractère scolaire dont l’écriture dont on sait qu’il ne s’agit que d’un enchevêtrement de lignes orientées.

Il y a plusieurs batteries d’évaluation :

Lors du bilan psychomoteur, le test de développement de la perception visuelle, le test de rétention visuelle, le test la figure de Rey et les tests de barrage comme le test des cloches [16] sont couramment utilisés pour explorer la fonction visuo-spatiale. D’autres outils sont fréquemment utilisés à l’étranger mais ne disposent pas d’étalonnage français : le Beery-Buktenica Developmental Test of Visual-Motor Integration ou bien encore la réactualisation du test de Frostig par Hamill et collaborateurs.

Frostig M - Manuel du test de développementement de la percepiton visuelle. Paris : Editions du centre de psychologie appliquée. 1973
Benton A - Test de rétention visuelle de Benton. Paris : Les Editions du Centre de Psychologie Appliquée. 1982
Rey A - Test de la figure complexe de Rey. Paris : Les Editions du Centre de Psychologie Appliquée. 1960 (nouvelle normes BNE)

Beery K, Buktenica N, Beery N - The Beery-Buktenica Developmental Test of Visual-Motor Integration (VMI) (5th ed.). Lutz, FL : Psychological Assessment Ressources. 2003
Gauthier L, Dehaut F, Joanette Y - The bells test : a quantitative and qualitative test for visual neglect.
International Journal of Clinical Neuropsychology, 1989, 11, 49-54.

Gnosies auditives

La modalité sensorielle auditive est également très importante. Dans des cas (rares) de lésion cérébrale, on peut avoir de la surdité corticale voire de la surdité verbale qui est l’impossibilité de comprendre le langage parlé, de répéter ou d’écrire sous dictée en l’absence d’autres signes d’aphasie.

L’agnosie auditive ou dysgnosie auditive « simple » est l’impossibilité de reconnaître et/ou d’identifier les bruits de l’environnement, et/ou de la voix (phono-agnosie) et/ou de la musique (amusie) que le malade déclare cependant entendre

Lectures intéressantes :

https://sites.google.com/site/dralainpouhet/system/app/pages/search?scope=search-site&q=dysgnosie
Eustache F., Lechevalier B. et Viader F. (2008) Traité de neuropsychologie clinique. Bruxelles : De Boeck.
Kirby A. & Peters L. (2010) 100 idées pour venir en aide aux dyspraxiques. Paris : Edition TOM POUSSE

(*1) Ayres, J. A. (2005). Sensory Integration and the Child (2e ed.). Los Angeles: Western Psychological Services.
(*2) Marr, D. (2010) Vision. A Computational Investigation into the Human Representation and Processing of Visual Information. Cambridge MA : The MIT Press.
(*3) Humphreys, G.W., & Riddoch, M.J. (1987). Visual Object Processing : A Cognitive Neuropsychological Approach. Hove : Erlbaum.
(*4) www.advys.be
(*5) www.pattersonmedical.fr
(*6) http://www.mot-a-mot.com/dra-enfants-test-de-denomination-rapide-p1188.html