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Dysfonctionnements cognitifs

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dysphasie

( Le langage oral )


dysphasie

( Le langage oral )

Notez que le langage des signes revendique le statut de langage.

le langage oral

C’est donc un phénomène complexe qui repose sur la coordination de nombreux muscles de la bouche et du larynx, en association avec le souffle. La plupart des enfants imitent les phonèmes entendus dès avant la naissance et prennent l’habitude de points d’articulation personnels. Cela donne une voix et une articulation propre à chacun.

Il y a 16 voyelles, 17 consonnes (sourdes car faisant un bruit et sonores car combinant son et bruit) et 3 semi consonnes/voyelles. L’articulation de tous ces phonèmes et sons nécessitent une coordination extraordinaire de tous les organes phonateurs : lèvres, dents, langue, voile du palais, luette, pharynx, larynx, dents, alvéoles, nez, cordes vocales, etc.

Il existe plusieurs manières de classer les consonnes dans deux grands groupes, celles qui ferment la bouche (p,t,k), celles qui ouvrent la bouche (f,s). Certaines sont sourdes et d’autres sonores.

On imagine bien que des embûches existent qui empêchent de bien parler, en tout cas d’une façon à être compris.

On peut y ajouter les dysprosodies (syndromes cérébelleux) et les dysphonies (troubles de la voix), le bégaiement, le retard de parole, etc.

On appelle tous ces troubles « Trouble spécifique du développement du langage oral » ou TSDLO.


Les dyslalies

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Il s’agit des défauts articulatoires et, d’une façon plus générale, d’une déformation de la langue maternelle. Cela inclut donc le langage « bébé ». Tout enfant apprend des phonèmes avant de prononcer des mots puis des phrases. Il arrive que pour diverses raisons certains sons sont modifiés alors que l’enfant avance en âge. La syntaxe reste elle correcte.

Les causes les plus fréquentes sont les problèmes auditifs, les fentes palatines, une certaine conformité physique (langue épaisse dans la trisomie 21), une déficience intellectuelle, des troubles émotionnels ou encore à la suite d’opérations chirurgicales au niveau du larynx, par exemple.

Modèle cognitif de production de la parole *1

Modèle cognitif de production de la parole

Il ne faut pas oublier que l’expression orale sert d’abord à la communication. On peut représenter cette enchaînement d’éléments qui permettent à deux individus de ses comprendre.

Raisonnement attention mémoire fonction exécutives

Evaluation

L’évaluation se fait en 3 temps :

  • 1) Sur le plan clinique, il est important d’observer
    • la parole spontanée
    • la parole provoquée
    • la parole répétée
    • la parole dans la lecture
  • 2) On passe ensuite aux tests d’articulation
    • le dépistage des phonèmes anormaux par dénomination d’image. Cet item découvre tous les phonèmes défectueux, généralement des consonnes, et précise leur degré d’altération selon les positions initiale, médiane et terminale dans les mots.
    • l’enquête phonétique recherchant l’altération des traits distinctifs du niveau de la troisième articulation portant pour les consonnes sur le point d’articulation, le mode d’articulation, l’oralité ou la nasalité, le voisement ou non.
    • l’enquête phonologique portant sur un nombre suffisant de mots, à la recherche des substitutions, omissions, ajouts et influences réciproques touchant les phonèmes.
  • 3) Examen de l’appareil phonatoire
    • La tonicité musculaire
    • Les lèvres
    • Les joues
    • Le maxillaire inférieur
    • La langue
    • La voûte et le voile du palais
    • Le pharynx
    • Les fosses nasales

Chacune de ces parties anatomiques joue un rôle dans la production de sons.

Test Cible Auteur Ages Editeur
Appariement mot-images
BEPL-A Gnosies auditivo-phonétiques Chevrie-Muller & al., 1988 2,9 à 4,3 ECPA
GAP Gnosies auditivo-phonétiques Chevrie-Muller & al., 1979 4 à 5 EAP
ISADYLE Contrastes phonologiques Pierart & al., 2004 3 à 12 Tema
Dénomination d’images
BEPL-A Phonologie dénomination Chevrie-Muller & al., 1988 2,9 à 4,3 ECPA
ISADYLE Dénomination Pierart & al., 2004 3 à 12 Tema
N-EEL Dénomination Chevrie-Muller & al., 2001 3,7 à 8,7 ECPA
Décision lexicale
Décision lexicale Maillart & al., 2004 4 à 5,6
Discrimination
EDP-4/8 Discrimination phonémique Autessere, Deltour & Lacert (1989) 4 à 8 EAP
Métaphonologie
BELEC Habiletés métaphonologiques Mousty et al. (1994) 7 à 12 Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 1999, 49, 4, 325-342.
N-EEL Sensibilité phonologique et Conscience phonologique Chevrie-Muller & al., 2001 3,7 à 8,7 ECPA
Répétition de mots et pseudo-mots
BEPL-A Répétition POR 4 Chevrie-Muller et al. (1988) 2,9 à 4,3 ECPA
ELO Répétion de mots Khomsi (2001) 3 à 11 ECPA
ELOLA Répétition de mots et logatomes De Agostini & al., 1998 4 à 12 Revue de Neuropsychologie, 8, 319-367.
ISADYLE Répétition de mots Pierart & al., 2004 3 à 12 Tema
L2MA Répétition de mots difficiles NER-CRE Chevrie-Muller et al. (1997) 8,6 à 11,6 ECPA
N-EEL Répétition 1 ou plusieurs syllabes, simples ou complexes Chevrie-Muller et al. (2001) 3,7 à 8,7 ECPA
Praxies
ISADYLE Praxies bucco-faciales Piérart & al., 2004 3 à 12 Tema
BEPL-A Praxies bucco-faciales Chevrie-Muller et al. (1988) 2,9 à 4,3 ECPA
Praxies bucco-faciales Henin, 1980 4 à 11 Henin, N. (1980). La région orofaciale en phoniatrie. Etude fonctionnelle et anatomo-clinique.
Les Cahiers d’ORL, 15, 809-851.

Ajoutons

  • EXALANG 3-6 :
    • Dénomination d’images (selon des aspects lexical ou phonologique)
    • Topologie (vérification de la connaissance et utilisation de correcteurs)
    • Dénomination des couleurs
    • Production de phrases
    • Répétition de phrases et de logatomes
    • Rimes vocaliques
    • Gnosies auditivo-verbales
  • EXALANG 5-8 :
    • Dénomination
    • Fluence phonémique
    • Métaphonologie (similarité, dissimilarité, logatomes, rimes, comptage syllabique, segmentation et fusion syllabique, inversion phonémique)

Editeur Orthomotus : http://orthomotus.eu/logiciels-de-bilan/16-suite-exalang-3-6-5-8-8-11-11-15.html


Les dysarthries

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Les dysarthries désignent des troubles de la parole dus à l’altération des mécanismes nerveux commandant et coordonnant l’activité des organes impliqués dans sa réalisation complexe qui associe l’articulation et la prosodie, mais aussi la phonation et la respiration. Selon l’affection neurologique responsable, il peut s’agir de

  • dysarthries paralytiques : elles surviennent lors des nerfs bulbaires qui contrôlent les muscles de la face, et elles sont souvent associées à des signes dans d’autres régions du corps.
  • extra-pyramidales : le débit est ralenti, la parole monocorde et peu articulée.
  • cérébelleuses : c’est la coordination dynamique de la parole qui est atteinte, l’expression orale devenant scandée et explosive.

Rares chez l’enfant, sauf avec IMC, on les retrouve associées à diverses affections neurologiques. On remarque comme caractéristique principale l’altération globale des différents facteurs de structuration de la parole touchant :

  • La respiration, surtout le souffle expiratoire, est plus ou moins déficiente au point de vue amplitude dont dépendent la pression sous-glottique et sa régularité. Il s’agit d’assurer la tenue des sons et la prolongation des rhèses (sélection de mots).
  • La voix, trame acoustique de la parole, peut être altérée en termes de hauteur, d’intensité et e timbre. Ces anomalies paramétriques ont déjà été envisagées à propos des dysphonies.
  • L’articulation, caractéristique majeure de la parole, différencie les voix et permet la communication. Les anomalies portent plus souvent sur les consonnes que sur les voyelles et sur les constrictives que sur les occlusives.
  • La résonance présente des défectuosités qui donnent une nasalité souvent excessive.
  • Le débit est altération par l’écoulement régulier de la chaîne parlée.
  • La prosodie, ou désorganisation segmentale de l’élocution, s’accompagne de troubles de l’intonation et se superpose à la dysarthrie, ce qui accentue encore la perte d’intelligibilité.

Evaluation

L’évaluation perceptive

C’est la méthode de référence en ce qui concerne les moyens d’analyse de la parole. Elle permet de décrire les principales anomalies constatées immédiatement par l’auditeur : qualité de la voix, débit trop lent ou trop rapide, pauses anormales, nasonnement, etc. Elle peut également se faire en utilisant des échelles quantifiées comportant l’ensemble des critères potentiellement perturbés (Darley et al., 1975 ; Chenery et al., 1988, 1992 ; Ozsancak et al., 2002).

L’ intelligibilité

Elle peut être définie comme le degré de compréhension qu’a l’auditeur du message exprimé. De nombreux outils plus ou moins analytiques existent (Enderby, 1983 ; Kent et al., 1989 ; Auzou et al., 1998a, 1998b). Elle fait partie des principales composantes de la parole dont la perturbation influence le degré de sévérité de la dysarthrie.

L’analyse phonétique

Elle correspond à la transcription des perturbations phonétiques dues aux troubles articulatoires. Elle est souvent longue et peu reproductible. Il existe également des tests de répétitions de mots permettant de repérer les anomalies phonétiques spécifiques de l’orateur (Croche- more et Vannier, 2001)

L’examen de la motricité des effecteurs

Il fournit une description motrice, analytique des dysfonctionnements et parfois une première explication aux données perceptives observées. Ainsi, l’hypophonie peut être en rapport avec une insuffisance respiratoire ou l’hypernasalité être secondaire à une parésie vélaire. Cette analyse est d’autant plus importante que ce sont les organes de la parole qui seront les cibles de la rééducation. Des grilles cliniques réunissant les différentes épreuves existent : elles fournissent un profil et une quantification des anomalies. (Auzou et al., 1998a, 1998b).

L’auto-évaluation

L’auto-évaluation consiste à recueillir le ressenti du patient par rapport à son trouble de la communication. Il n’existe pas de grille d’auto-évaluation validée dans le domaine de la dysarthrie. Cette auto-évaluation se fait donc le plus souvent de façon informelle pour juger le degré de sévérité ressenti par le sujet avant de débuter une prise en charge ou de quantifier l’amélioration obtenue au terme de cette dernière. De tels outils devront être développés afin d’être utilisés en pratique clinique et dans les protocoles de recherche portant sur l’efficacité des prises en charge de la dysarthrie.

AUTRES TESTS

Handicap Index (VHI : JACOBSON BH, JOHNSON A, GRYWALSKI C, SILBERGLEIT A, JACOBSON G, BENNINGER MS, NEWMAN CW. The Voice Handicap Index (VHI): Development and validation. Am J Speech Lang Pathol, 1997 ; 6 : 66-70).

BECD (Batterie, d’Evaluation Clinique de la Dysarthrie) de Pascal Anzou et Véronique Rolland-Monnoury, 2006, pour adultes, Ortho Edition (utilisable en partie chez l’enfant).

Bibliographie

AUZOU P. (2005) Les moyens d’investigations cliniques de la dysarthrie. In : Ozsancak C, Auzou P (ed.). Les troubles de la parole et de la déglutition dans la maladie de Parkinson. Marseille : Solal.
CHENERY H.J., MURDOCH B.E., INGRAM J.CL. (1988) Studies in Parkinson’s disease : 1. Perceptual speech analyses. Austral J Hum Comm Disord, 16 : 17-29.
CROCHEMORE E., VANNIER F. (2001) Analyse phonétique de la parole dysarthrique. In : Auzou P., ÖZSANCAK C., BRUN V. Les dysarthries. Paris : Masson, pp. 71-82.
DARLEY F.L., ARONSON A.E., BROWN J.R. (1975) Motor speech disorders. Philadelphia : W.B. Saunders.
ENDERBY P. (1983) Frenchay dysarthria assessment ». San Diego : College-Hill Press.
OZSANCAK C., PARAIS A.M., AUZOU P. (2002) Evaluation perceptive de la dysarthrie : présentation et validation d’une grille clinique. Etude préliminaire. Rev Neurol, 158 : 431-8.


Les dysphasies

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La dysphasie est une pathologie d’origine congénitale. C’est un trouble structurel primaire (et donc durable) de l’apprentissage et du développement du langage oral. Elle se traduit par un déficit limité uniquement au domaine langagier. Il faut donc la différencier des troubles fonctionnels (retard dans le développement du langage), qui, eux, sont réversibles.
Environ 2 % de la population française est touchée, en majorité les garçons.

Dysphasie Description Signes
Dysphasie expressive L’expression est altérée
  • Paroles incompréhensibles
  • Mots isolés
  • Discours télégraphique
Dysphasie réceptive La compréhension est altérée
  • Compréhension partielle
  • Manque du mot
  • Discours incohérent
  • Grandes difficultés à lire
Dysphasie syntaxique L’organisation de la phrase est altérée
  • Mauvaise structuration phrase
  • Manque du mot
  • Style télégraphique

Il existe plusieurs groupes et sous-groupes, chacun ayant ses caractéristiques :

4 types Fréquence Langage Autres
dysphasie phonologico-syntaxique La plus fréquente
  • Difficulté à prononcer les mots, souvent incompréhensibles jusqu’à 7 ans
  • Vocabulaire pauvre
  • Style télégraphique
  • Agrammatisme
  • Parfois manque du mot
  • Bonne compréhension d’un message simple
  • Gestualité développée dès le plus jeune âge
  • Mémoire de travail auditive faible
  • Notions de temps et d’espace difficiles
dysphasie lexico-sémantique Fréquente
  • Difficulté à trouver ses mots
  • Trouble compréhension langage écrit et oral
  • Apprentissage difficile de l’écriture
  • Difficultés à dénommer, raconter
  • Bonne compréhension
dysphasie sémantico-pragmatique « cocktail syndrome party »
  • Langage peu informatif
  • Discours plaqué et sans bonne compréhension
  • Compréhension difficile
  • Bonne mémoire de travail
  • Répétition possible
  • Trouble de l’attention
  • Difficultés à classer, ordonner, s’orienter dans l’espace et le temps
dysphasie phonologique rare
  • Expression difficile avec altération des phonèmes
  • Peut répéter mais plus difficile en langage spontané
  • Difficultés à enchaîner des séquences gestuelles
dysphasie réceptive rare
  • Parole réduite ou absente
  • Vocabulaire pauvre
  • incapacité à reconnaître le sens des sons donc comportement d’un sourd, ou d’un psychotique avec parfois conduites agressives

Signes d'alerte

  • Dès 2 ans :
    • S’il dit peu de mots (en tout cas moins de 50)
    • S’il ne fait pas de phrases simples (donner auto)
    • Si son langage évolue lentement, s’il apprend difficilement de nouveaux mots
    • S’il paraît ne comprendre que des personnes proches
    • S’il comprend mieux avec des gestes et s’il s’exprime ainsi
  • Dès 3 ans :
    • S’il a peu de vocabulaire
    • S’il ne fait pas des phrases de 3 mots
    • S’il est difficile à comprendre sauf par son entourage proche
    • S’il ne pose pas de question
    • S’il cherche souvent ses mots
    • S’il parle peu et reste bref
    • S’il y a un grand décalage entre ce qu’il dit et comprend

Attention, il y a des parleurs tardifs. Il faut donc prendre le temps d’une évaluation pluridisciplinaire. Si on suspecte une dysphasie dès 2 ans, le diagnostic ferme ne peut être posé qu’à partir de 5 ans.

Test Cible Ages Editeur Critères
Aspects psychométriques
WPPSI IV et WISC-IV Niveau intellectuel 3-18 ECPA Niveau perceptif > niveau verbal de 15 points au moins
WPS ou Leiter Raisonnement visuel A partir de 3 ans PAR (www.parinc.com) A utiliser notamment si QI < 86
Echelle de développement Si QI < 86
Praxies de Henin Praxies bucco-linguo-faciales Axe praxique
Répétition mots faciles 4-8 et 8-12 Chevrie Axe phonologique
Dénomination
EDP Discrimination phonémique 4/8 et 8-12 Deltour
TVAP Vocabulaire expressif actif 4-8 et 8-12 Deltour Axe sémantique expression
VocabulaireVocabulaire 4-8 et 8-12 Chevrie
Fluence verbale 4-8 McCarthy
Fluence verbale 8-12 Chevrie
TVAP Vocabulaire passif 8-12 Deltour Axe sémantique compréhension
Peabody Vocabulaire passif 8-12
TCG Langage spontané 4-8 Deltour Axe syntaxique
Khomsi Compréhension 4-8 Khomsi
Intégration morphosyn-taxique Expression 8-12 Chvrie

On peut également utiliser EXALANG, op. cit.
E.CO.S.SE
Pierre Lecocq (1996) Epreuve de Compréhension Syntaxico-Sémantique, Presses universitaires du Septentrion

NB un QI non-verbal < 70 avec un profil dysharmonique fait plutôt penser à un trouble du langage oral autre.
NB2 les autres aspects instrumentaux sont à évaluer avec les tests ad hoc

Référence :
Maillart C. (2008) Le bilan langagier de l’enfant dysphasique. ANAE N° 20/20, pp. 211-220.

*1 Maillart, C., & Schelstraete, M. A. (2004). L’évaluation des troubles phonologiques : illustration de la démarche diagnostique. In M. A. Schelstraete & M. P. Noel (Eds.), Approches neuropsychologique et psycholinguistique des troubles du langage oral, du langage écrit et du calcul chez l’enfant (pp. 113-147). Fernelmont: Editions Modulaires.